Non à la privatisation de la Poste

A vos postes !

Ah oui, on a raison de dire que ce parti est vieillissant, que son idéologie est surannée, que ses arguments économiques ne sont plus en phase avec la modernité. Je suppose qu'en lisant cela vous aurez compris tout de suite de quel camp politique je parle. De la droite, bien sûr. Comment ça, non ? Faites un exercice simple, prenez un exemple parlant, ce projet que nous concocte le gouvernement avec l'aide de la direction de l'entreprise : la probable privatisation de La Poste. Je sais, déjà j'exagère. Il ne s'agit pas de «privatiser La Poste», il ne s'agit que d'«ouvrir son capital» pour donner à la vieille dame les financements nécessaires que l'Etat n'a plus les moyens de payer. Ca, notez, c'est indéniable. Quand on se permet d'envoyer 15 milliards aux plus riches au titre de cadeaux fiscaux, et 395 millions à M. Tapie à un titre plus sombre encore, on se doute qu'on n'a plus grand-chose de côté pour permettre au facteur qui distribue le chèque de travailler dans des conditions décentes. A part ça, glissons sur la sémantique. Tout le monde sait ce que signifie, aujourd'hui, une «simple ouverture de capital». On pourrait dire que c'est une expression qui sent le gaz, et même le Gaz de France. Vous vous souvenez ? Monsieur Sarkozy, alors ministre, la main sur le coeur : «Gaz de France ne sera jamais privatisé.» Et après la fusion avec Suez, comme chacun sait, l'entreprise ne l'est toujours pas : c'est juste que l'Etat en a été quasiment viré, il faut vraiment être un gauchiste borné pour ne pas comprendre la différence.
Et de quoi vous plaignez-vous ?, diront bientôt Mme Lagarde et ses amis, même si La Poste est privatisée, cela sera bénéfique pour tout le monde puisque cela «ouvrira le secteur à la concurrence». Il est vrai que ça se pratique tous azimuts. On vient d'apprendre qu'on permettra bientôt à Air France d'affréter des TGV même si personne n'a encore compris à quoi cela pourra bien servir : à fourguer dans les trains des plateaux repas aussi mauvais que dans les avions ou à garantir qu'on va avoir dans les gares autant de retard que dans les aéroports ? Passons, je suis de mauvaise foi et ce n'est pas le sujet. La Poste a besoin d'être modernisée, donc, tout le monde en convient, mais en quoi la concurrence l'aidera-t-elle ? En termes d'implantation, tout le monde voit bien par quoi cela pourrait se traduire. Dans les grandes villes, on aura autant d'agences de compagnies différentes que de magasins de téléphone, c'est-à-dire 15 par rue, et un système commercial très au point : à la place du timbre unique à coller sur son enveloppe, on nous fera 52 propositions de forfaits mensuels, tous incompréhensibles, tous très chers et uniquement applicables avec un engagement obligatoire de deux ans. Mais à quoi bon ? Plus personne ne pensera à envoyer une carte de voeux à sa mamie parce que, dans le coin où elle habite, pour de bien compréhensibles raisons de rentabilité, tous les bureaux auront été supprimés sur 200 km à la ronde. Sans rire, qui croit encore aux prétendues vertus de la concurrence ? Souvenez-vous du téléphone. Avant il y avait un opérateur, on s'en satisfaisait très bien.
Après il y en a eu trois, et ça a eu un effet économique retentissant : ils ont réussi à imposer à tout le monde exactement les mêmes tarifs exorbitants puisqu'on a fini par se rendre compte qu'ils faisaient entre eux des ententes. Je sais, quand on bosse dans le téléphone, c'est bien le moins qu'on réussisse à s'entendre. Mais peut-être pas en facturant les SMS de trois mots au prix du volume de 300 pages.
Amis opérateurs, calmez-vous. Bien sûr, j'exagère. Et peu importe, ce n'est pas à vous que j'en veux. C'est à cette petite musique qui ne cesse plus depuis des mois, cet air siffloté à longueur d'éditoriaux, à la télé, à la radio, dès lors que l'on parle de politique : c'est fou à quel point la gauche est à terre, c'est fou à quel point elle est infoutue de se renouveler, c'est fou comme son programme est vieux et affligeant, etc. Je ne nie pas cette évidence. Simplement, quand on voit que les seules idées que dégotte le pouvoir pour prétendre sauver un de nos derniers grands services publics, ce sont ces vieilles lunes libérales et cette croyance naïve que le privé va tout résoudre, il faut en convenir : en termes de programme ringard et d'idéologie dépassée, la droite ne se défend pas trop mal non plus.

François Reynaert
Le Nouvel Observateur

Mamz a écrit:un boooooooooooo "reportage" de propagande tout à l'heure sur france 3 ... sur la poste hollandaise ... pour bien montrer au brave français que c'est super cool la privatisation comme ça y'aura plus de guichet ms que les gens de la poste iront direct te demander ce dont tu as besoin ... putain qd j'vais à la poste po envie qu'un vendeur au sourire ultrabright me saute dessus aussitot pour me refourguer sa camelote
j'veux garder mes guichetiers renfrognés (ou pas) et mon facteur mignon de l'été et même le vieux pas mignon de pas l'été!

c'est aussi une logistique (et ça c'est mon métier à moi) plus que déplorable

Ricky Banlieue a écrit:

c'est aussi une logistique (et ça c'est mon métier à moi) plus que déplorable

c'est pour cela qu'il faut nécessairement privatisé ?

j'crois pas ...mais une modernisation du système sans doute....

donk a écrit:yeah !!!

Ricky Banlieue a écrit:

donk a écrit:yeah !!!

tiens t'a un fan Black