Il doit retourner travailler à cause de la réforme des retraites

par Ricky Banlieue Ven Nov 12 2010, 21:36

Il doit retourner travailler à cause de la réforme des retraites : "J'irai avec zéro motivation"

Son histoire est cocasse.
Mais elle ne le fait pas rire du tout.

Roger Le Bris, 59 ans, employé du Crédit Mutuel de Bretagne depuis 1973, est parti en préretraite depuis août 2010, grâce à un système d'épargne temps, CapAvenir. Il a cumulé des RTT et des congés payés pour pouvoir partir plus tôt. En attendant de pouvoir prendre sa retraite définitive le 1er septembre 2011.

Mais la réforme des retraites a changé ses plans.
Avec la nouvelle loi, le voilà obligé de travailler jusqu'à 60 ans et 4 mois, au lieu de 60 ans. Il ne pourra donc prétendre à sa retraite qu'au 1er janvier 2012.

"C'est vraiment une situation ridicule", s'indigne Roger Le Bris, contacté par Le Post.

"Je le sais parce que j'ai suivi la réforme et l'actualité. Mais des gens sont en train de découvrir qu'ils sont concernés... et c'est dur", explique cet ancien délégué national CFDT. D'autant que la banque, nous dit-il, n'a pas pris contact avec ses salariés.

"Pas plus tard que ce matin, une dame m'a contacté pour me dire qu'elle était concernée. Elle, en plus, devra travailler 8 mois de plus. Elle est partie alors qu'elle était au bout du rouleau... elle n'en pouvait plus. Comment pourra-t-elle reprendre le travail dans ces conditions-là ?", s'interroge le quinquagénaire.

"Pour moi, c'est encore une situation particulière. Du fait de mon mandat syndical, cela fait 12 ans que je n'exerce plus un métier bancaire. S'il faut reprendre le travail, il va falloir que je suive une formation. Pour 4 mois de travail ? C'est n'importe quoi", poursuit Roger Le Bris.

Le Post a contacté vendredi le siège du Crédit Mutuel Bretagne. Personne n'était disponible pour répondre à nos questions. Mais la direction s'est exprimée dans Le Télégramme mercredi. Elle propose à ces salariés de les réintégrer ou de leur faire prendre un congé sans solde.

"Un congé sans solde, c'est strictement impossible. Les gens concernés, qui doivent être une soixantaine, sont pour la plupart des employés, pas des cadres. Ils n'ont pas de gros moyens", plaide le préretraité.

"Quant à la réintégration, ça va être difficile. Les gens ont été remplacés ou leur poste a été supprimé depuis leur départ en préretraite. J'irai... enfin on ira avec zéro motivation. L'entreprise ne va pas y gagner grand-chose. Et puis, même si ça se joue sur quelques euros, on cotisera 1, 2, 3 trimestres de plus, donc on coûtera plus cher aux caisses de retraite puisque nos pensions seront plus élevées", ironise Roger le Bris.

"La seule autre solution que je vois, ce serait que les décrets d'application prennent en compte ces situations... Mais si la négociation avait eu lieu avec les syndicats, on aurait pu faire remonter la question dans les discussions. Et on n'en serait certainement pas là", assure le syndicaliste.