Carnage
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Carnage
Vu cet après-midi, cynique à souhait, acteurs au top et une histoire simple mais drôle et décapante, c'est ça qui est bon... un film à voir, j'ai beaucoup aimé
Le récit est adapté des Dieux du carnage de Yasmina Reza, une pièce de théâtre créée, en 2008, au Théâtre Antoine à Paris, avec un succès tel que la pièce a ensuite voyagé en Angleterre, puis à Broadway. C'est justement aux Etats-Unis, et avec des acteurs de langue anglaise, que Polanski transpose ironiquement l'action du film, qui n'en a pas moins été tourné dans les studios français de Bry-sur-Marne, en banlieue parisienne.
L'intrigue, d'une cruauté grotesque, a le mérite de la simplicité. Après que le fils des uns a cassé deux incisives et défiguré à coups de bâton le fils des autres, les parents de ces jeunes adolescents trouvent bon de se réunir pour faire le point. L'ouverture a lieu en extérieur, filmant l'incident entre les adolescents de suffisamment loin pour qu'on en perçoive la violence mais qu'on n'en comprenne pas les ressorts. Ceci suggère d'emblée deux choses : que l'irruption du mal se soustrait à toute tentative d'explication, et que sa puissance de contamination est assez forte pour entraîner le débondage pulsionnel des parents censément réunis pour pacifier la situation.
Le film nous enferme dès lors dans l'appartement des parents de la victime pour n'en plus ressortir. Il faudra moins d'une heure trente pour que ces deux couples de bourgeois new-yorkais, après un mielleux round d'observation, s'écharpent à leur tour, en une succession d'alliances et de mésalliances inattendues. Il faudra beaucoup de talent à Polanski, mais on sait qu'il n'en manque pas, pour tenir le rythme, la fluidité et la montée dramatique de cette longue scène d'intérieur durant laquelle les quatre protagonistes ne cessent d'être en présence. Il s'est entouré pour ce faire d'un quatuor aux petits oignons - Kate Winslet, Jodie Foster, Christoph Waltz et John C. Reilly - qu'il a soumis à deux semaines de répétition intensive, avant de tourner en temps quasiment réel.
Les acteurs se sont d'autant mieux glissés dans la peau de personnages dont les caractères respectifs contribuent à faire monter la tension. Chez les Longstreet (parents de la victime), la femme (Foster) est une hyper-rigide obsédée par l'équité et la morale, l'homme (Reilly) un représentant en objets ménagers frustré par la vie qui craint plus que tout le conflit. Chez les Cowan, la femme (Winslet) est une gourde inconséquente, l'homme (Waltz) un avocat cynique et malpoli, qui pense que tout lui est acquis.
La planche est donc bien savonnée pour que la question de la réparation du tort infligé et de la réconciliation tourne rapidement au vinaigre, révélant au passage les failles insoupçonnées de chacun des couples. Tout cela, joué et réalisé comme sur du velours, peine néanmoins à être autre chose qu'une sorte de jeu de massacre haut de gamme, déclenchant ce genre de rire qui ne laisse que l'amertume à la bouche.
Le récit est adapté des Dieux du carnage de Yasmina Reza, une pièce de théâtre créée, en 2008, au Théâtre Antoine à Paris, avec un succès tel que la pièce a ensuite voyagé en Angleterre, puis à Broadway. C'est justement aux Etats-Unis, et avec des acteurs de langue anglaise, que Polanski transpose ironiquement l'action du film, qui n'en a pas moins été tourné dans les studios français de Bry-sur-Marne, en banlieue parisienne.
L'intrigue, d'une cruauté grotesque, a le mérite de la simplicité. Après que le fils des uns a cassé deux incisives et défiguré à coups de bâton le fils des autres, les parents de ces jeunes adolescents trouvent bon de se réunir pour faire le point. L'ouverture a lieu en extérieur, filmant l'incident entre les adolescents de suffisamment loin pour qu'on en perçoive la violence mais qu'on n'en comprenne pas les ressorts. Ceci suggère d'emblée deux choses : que l'irruption du mal se soustrait à toute tentative d'explication, et que sa puissance de contamination est assez forte pour entraîner le débondage pulsionnel des parents censément réunis pour pacifier la situation.
Le film nous enferme dès lors dans l'appartement des parents de la victime pour n'en plus ressortir. Il faudra moins d'une heure trente pour que ces deux couples de bourgeois new-yorkais, après un mielleux round d'observation, s'écharpent à leur tour, en une succession d'alliances et de mésalliances inattendues. Il faudra beaucoup de talent à Polanski, mais on sait qu'il n'en manque pas, pour tenir le rythme, la fluidité et la montée dramatique de cette longue scène d'intérieur durant laquelle les quatre protagonistes ne cessent d'être en présence. Il s'est entouré pour ce faire d'un quatuor aux petits oignons - Kate Winslet, Jodie Foster, Christoph Waltz et John C. Reilly - qu'il a soumis à deux semaines de répétition intensive, avant de tourner en temps quasiment réel.
Les acteurs se sont d'autant mieux glissés dans la peau de personnages dont les caractères respectifs contribuent à faire monter la tension. Chez les Longstreet (parents de la victime), la femme (Foster) est une hyper-rigide obsédée par l'équité et la morale, l'homme (Reilly) un représentant en objets ménagers frustré par la vie qui craint plus que tout le conflit. Chez les Cowan, la femme (Winslet) est une gourde inconséquente, l'homme (Waltz) un avocat cynique et malpoli, qui pense que tout lui est acquis.
La planche est donc bien savonnée pour que la question de la réparation du tort infligé et de la réconciliation tourne rapidement au vinaigre, révélant au passage les failles insoupçonnées de chacun des couples. Tout cela, joué et réalisé comme sur du velours, peine néanmoins à être autre chose qu'une sorte de jeu de massacre haut de gamme, déclenchant ce genre de rire qui ne laisse que l'amertume à la bouche.
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