katherine kressman taylor

Jour sans retour


"En 1940, Kressmann Taylor rencontre à plusieurs reprises, par l’entremise du FBI, un pasteur allemand réfugié aux Etats-Unis. Celui-ci ne sait pas encore que, dans l’esprit de l’auteur, il est en train de devenir Karl Hoffmann, le narrateur de Jour sans retour. La collection « Littératures » des éditions Autrement publie aujourd’hui ce récit étonnant et terrifiant, appelé à recevoir le même écho que le précédent texte de l’auteur, Inconnu à cette adresse.

Dans le contexte d’une Allemagne en voie de nazification, Karl Hoffmann s’inscrit en théologie à l’université de Berlin. Il y assiste alors à la mainmise du parti nazi sur les enseignements religieux et sur l’ensemble de la vie universitaire. Contrairement à son père, pasteur luthérien conservateur, l’étudiant décèle immédiatement la menace de cette perversion du christianisme par les nazis. Engagé dans un mouvement de résistance des étudiants, Karl est bientôt envoyé en camp de concentration. Libéré par l’entremise de son père et de retour à Berlin, il ne se veut que plus engagé dans la résistance. Le jour où des SA s’emparent de son église de Magdebourg pour y imposer le drapeau nazi, le pasteur est à son tour convaincu de la nécessité de résister. Le parcours de la famille Hoffmann et de leurs amis s’assimile alors à la lutte menée en Allemagne par l’« Eglise confessante » contre les « chrétiens allemands », entièrement soumis à la volonté de Hitler. Et ceux-là n’auront pour arme que leur foi quand les autres auront pour eux la pouvoir et la crédulité de toute une population.

Par la mise en fiction du témoignage de cet exemplaire pasteur résistant, c’est la double dimension de la perception de l’Histoire, personnelle et collective, que met en scène Kressmann Taylor. Dès lors, une tragédie s’écrit, intime parce qu’elle est celle d’un individu, et collective parce qu’à travers la sienne s’écrit aussi celle de toute une population. Récit terriblement prémonitoire de l’ascension du nazisme, Jour sans retour est aussi celui de la Résistance, un hymne aux insoumis de cette période sombre.

Certes, le lecteur pourra lui-même remettre en cause l’optimisme de Karl Hoffmann quant à l’ampleur de la résistance de ses compatriotes. Et pourtant d’autres figures d’insoumis trouvent écho dans l’étonnant parcours de ce pasteur ; les mouvements étudiants et leurs choix de rébellion (envoi de tracts, refus de pratiquer le salut hitlérien) évoquent ceux du groupe de la Rose Blanche, tandis que, devenue gage de survie, la perspicacité face aux événements dont fait preuve le pasteur rappelle la mise à distance critique pratiquée par Victor Klemperer dans la rédaction de ses carnets.
Kressmann Taylor mêle subtilement, d’une écriture limpide et sobre, le témoignage d’un homme au récit historique et aux exigences de la fiction – la mise en fiction de la vie du pasteur étant condition de sa survie. Parce qu’ils sont vécus, les événements acquièrent ici une dimension nouvelle et s’affichent avec force dans leur implacable et inacceptable réalité. Offrant un regard neuf, Jour sans retour forme un récit tout à la fois saisissant, bouleversant et terrifiant. "

passionnant car ça cause d'un truc que j'connaissais mal ... la résistance des allemands à la montée du nazisme ... interessant aussi parce qu'un petit topo historique en fin rééquilibre le point de vue subjectif du narrateur

sur le même sujet ( mais version cinématographique ) je vous conseil très fortement Amen de Costa Gravas

excellent film ... faut que j'trouve le bouquin dont s'est inspiré "le vicaire" ms j'sais plus l'auteur

Mamzelle Bulle a écrit:excellent film ... faut que j'trouve le bouquin dont s'est inspiré "le vicaire" ms j'sais plus l'auteur

Hochhuth, Rolf

finalement peut-être pas de lui

si si Rolf Hochhuth ... faut mieux l'écrire qu'essayer de le dire ce nom!

un peu dévalisé la fnac moi aujourd'hui ...

Le Mot de l'éditeur : Jours d'orage
Dans les années 1960, Amanda Lasche, jeune veuve américaine, et sa fille visitent la Toscane. Surprises par un orage, elles se réfugient à Rocca al Sole. Elles y rencontrent Eduardo Carleone, ingénieur retraité, et découvrent que tous sont encore sous le choc des exactions des bataillons nazis dans le village. Mais les villageois s'aperçoivent de la présence de leur bourreau, Herr Grussmann.

y'a ps mal de temps j'avais aussi lu "inconnu à cette adresse" ... bizarre que j'en ai ps parlé
tout petit bouquin qui se dévore ... génial!

1er août 1933. «Tu es un libéral, Martin. Tu vois les choses à long terme. Je sais que tu ne peux pas te laisser entraîner dans cette folie par un mouvement populaire qui, aussi fort soit-il, est foncièrement meurtrier.»
18 août 1933. «Tu dis que nous persécutons les libéraux, Max, que nous brûlons les livres. Tu devrais te réveiller : est-ce que le chirurgien qui enlève un cancer fait preuve de ce sentimentalisme niais ? Il taille dans le vif, sans états d'âme. Oui, nous sommes cruels. La naissance est un acte brutal ; notre re-naissance l'est aussi.»

1932. Martin Schulse, un Allemand, et Max Eisenstein, un Juif américain, sont marchands de tableaux en Californie. Ils sont aussi unis par des liens plus qu'affectueux - fraternels.
Le premier décide de rentrer en Allemagne. C'est leur correspondance fictive entre 1932 et 1934 qui constitue ce livre, écrit par une Américaine en 1938, et salué à l'époque, aux Etats-Unis, comme un chef-d'oeuvre. Incisif, court et au dénouement saisissant, ce livre capte l'Histoire avec justesse. C'est un instantané, une photographie prise sur le vif qui décrit sans complaisance, ni didactisme forcené, une tragédie intime et collective, celle de l'Allemagne nazie.