Okkervil River
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Okkervil River
Le torrent folkeux d'Okkervil River
Un chanteur habité, un groupe fougueux : découvrez le rock talentueux du groupe américain Okkervil River
La célébrité n’a sans doute pas grand-chose à voir avec le talent. Mais le génie est incompatible avec l’anonymat. Okkervil River ne jouera certes jamais à Bercy, mais il est temps que son rock rugueux et lyrique déborde du cercle des initiés. Avec son cinquième album, The Stage Names, le plus achevé, le plus généreux, Okkervil River, le petit torrent impétueux de la planète folk, est sur le point de rejoindre le long fleuve intranquille sur lequel naviguent Bright Eyes, Sparklehorse ou Arcade Fire, pour enfin se jeter dans la mer de la mélancolie en compagnie des Dylan, Neil Young et Scott Walker.
A la tête de ce groupe américain originaire de Meriden (New Hampshire) mais formé à Austin (Texas), un certain Will Robinson Sheff, grand échalas portant pantalon et bretelles, une mèche sur le front et des chaussettes en fil d’Ecosse. Le jeune trentenaire à lunettes récuse énergiquement l’étiquette d’intello qu’on lui colle volontiers en le voyant. Les paroles de ses chansons trahissaient déjà son immense culture littéraire et musicale. Pourtant, chez Will Sheff, comme chez tous les grands artistes, deux personnalités antagonistes cohabitent.
Okkervil River (Live 2007) - Our life is not a movie or maybe
L’esthète de la Nouvelle-Angleterre, capable d’écrire un album entier en hommage à une bouleversante chanson de Tim Hardin, poète mort d’une overdose en 1980 (Black Sheep Boy, 2005), se livre à la pratique du rodéo sur le dos d’un bison texan.“Pour faire du rock, il faut savoir être à la fois spirituel et débile. Iggy Pop était un mec malin et sophistiqué, mais il savait aussi faire le clown au sens noble du terme. Un bon chanteur de rock ne doit jamais se prendre trop au sérieux.”
C’est en concert que Will Sheff sort ses tripes et mouille sa chemise immaculée. On l’a vu enflammer le Batofar, avec une guitare et un accordéon. Et plus récemment donner la chair de poule aux douze personnes qui composaient le public de sa dernière performance parisienne, dans la cave voûtée de la Mécanique ondulatoire. Les yeux dans le vide, l’air hagard, il entonnait ses complaintes seul à la guitare ou au piano. Il nous tarde de le retrouver entouré de son groupe, pour le voir déployer la rage exaltée dont il est capable.
Okkervil River - The President's Dead
A coup sûr, il interprétera la plus belle chanson qu’il nous a été donné d’entendre cette année : John Allyn Smith Sails, cantique d’allégresse écrit en l’honneur d’un autre poète maudit dont Will Sheff nous fait revivre les derniers instants, avant qu’il ne se jette dans le vide. Splendide crescendo qui s’achève sur l’air de Sloop John B, traditionnelle ballade calypso née aux Bahamas et popularisée par les Beach Boys. L’ultime télescopage culturel d’un clown éclairé.
Jérémie Couston
http://www.okkervilriver.com/
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