Leonera

de Pablo Trapero

par Jean-Nicolas Berniche

Les “films de prison” s’érigent souvent en défenseurs des droits de l’homme et n’hésitent pas à fustiger les institutions, au risque d’aligner les clichés du genre. Pablo Trapero évite cet écueil pour suivre dans ‘Leonera’ la seule destinée de Julia, jeune maman emprisonnée. Tout ce qui existe autour est implicite. S’il s’agit d’assister aux batailles juridiques, aux rixes de prisonnières ou aux abus de l’autorité dans les prisons, le spectateur préférera à ‘Leonera’ un documentaire de Depardon. Julia, incarnée par une incroyable Martina Gusman, maman en captivité, garde espoir grâce à son enfant, Tomas. Lorsque sa mère (Elli Medeiros), détestable à souhait, lui enlève Tomas, Julia ne supporte plus la prison. Laquelle des deux est la plus monstrueuse ? Sa mère, en empêchant sa propre fille de garder son enfant ? Ou Julia, dont l’égoïsme la pousse à enfermer entre quatre murs Tomas ? L’enfant joue avec les barreaux de cellule, il voit le soleil quelques heures par jour et ne voit que des mamans autour de lui. La notion de liberté lui est inconnue, il n’a jamais vu la mer, n’a jamais caressé d’animaux autres qu’en peluche. Si Trapero épouse un parti pris, c’est bien celui-ci : est-il éthique d’aménager les prisons pour les jeunes mamans ? S’il n’avance pas de réponse, la fin du film est en tout cas une superbe ode à la liberté. ‘Leonera’ est exemplaire par son traitement, classique et passé de mode, et par l’interprétation de ses acteurs (Trapero a filmé dans un véritable centre pénitencier et fait participer détenues et personnel), personnages qui tentent de survivre tant bien que mal.

"D’ou vient ce sentiment entêtant que l’on aimerait aimer davantage ce film-là ?"
Même si les opinions divergent, toutes saluent le jeu de l'actrice !
Un film que j'irai certainement voir ...